Vidé depuis le départ de l’État-Major de la Marine, l’Hôtel de la Marine (ancien Garde-meuble de la Couronne), situé place de la Concorde à Paris, a mué pour devenir une institution ouverte au public et contribuer au rayonnement de la France par une approche innovante, tant d’un point de vue patrimonial, qu’architectural et culturel. La reconversion de cet édifice s’est traduite par la création dans la cour de l’intendant d’une verrière cristalline diffusant la lumière dans cet espace d’accueil des visiteurs. Inspirées d’un diamant, ses multiples facettes sont habillées de surfaces réfléchissantes.
Et la lumière fut…
Cette verrière de 300 m², située entre le 2ème et 3ème étage, a pour objectif de capter et diffuser la lumière naturelle jusqu’au sol de la cour tout au long de la journée, afin d’abriter, en dessous, un espace d’accueil, de présentation et d’orientation des visiteurs. L’architecte Hugh Dutton s’est inspiré des pampilles des magnifiques lustres du XVIIIème siècle, ainsi que de la géométrie des pierres précieuses taillées. Véritable objet d’artisanat d’art, elle permet de faire rayonner la lumière naturelle à la manière d’un lustre ou d’un diamant, via des éléments de réflexion et de diffraction intégrés dans la structure. Cette optimisation lumineuse a d’ailleurs nécessité une simulation d’ensoleillement sur l’année entière afin d’appréhender le contexte dans son intégralité.
Une touche contemporaine pour habiller un monument historique
Le chantier d’aménagement s’est déroulé sur cinq mois (de la mi-août 2019 à janvier 2020) et a permis l’intégration harmonieuse d’un élément architectural contemporain au sein d’un ensemble de bâtiments classés au titre des monuments historiques.
« Le projet d’aménagement de la verrière de l’Hôtel de la Marine repose sur une véritable stratégie lumineuse consistant en la superposition de matériaux réfléchissants. Nos objectifs ont été de retrouver les proportions originelles de la Cour de l’intendant en masquant les étages ajoutés aux cours du XIXème siècle, et d’apporter une lumière zénithale douce aux visiteurs dans un espace auparavant très sombre » a indiqué Hugh Dutton, architecte du studio HDA.
La pose de la verrière à la grue par les équipes d’Eiffage Métal a démarré à la mi-août 2019 par les pièces d’angle, puis par un cadre métallique périphérique fixé sur la corniche existante.
Les quatre pans triangulaires inclinés, qui ménagent un oculus au centre, ont ensuite été installés. Ils sont structurés à l’aide de poutres inclinées, sous-tendues par des tirants. Cette structure d’acier se densifie en périphérie, où elle forme des losanges. Elle est dissimulée sous un habillage de profils en V en acier inoxydable, à la finition poli miroir.
Dessus, les poutres aciers reçoivent une nappe de 16 tonnes de verre simple extra-clair. L’élément central, de 4x3m de côté, est bombé.
« Ce genre de pièce est difficile à fabriquer. Ces dimensions ont conditionné en partie le dessin de l’ensemble de la structure », explique Hugh Dutton. Sur les arêtes, les quatre pièces de verres triangulaires de 11 m de long ont également été réalisées d’un seul tenant.
Dessous, la structure suspend à une résille de câble de 5 mm de diamètre les 11 tonnes de lamelles de verre dépolies et réfléchissantes, disposées radialement. La verrière apparait comme une pièce de joaillerie, illuminant la cour de ses reflets lumineux.
“La verrière est conçue telle un nuage, légère et immatérielle, survolant la corniche afin de revaloriser les proportions originelles de la cour.”
Hugh Dutton
- Maîtrise d’ouvrage : Centre des monuments nationaux
- Architecte M.H : 2BDM
- Conception de la verrière : Hugh Dutton associés
- Constructeur métallique : Eiffage Métal
- Acier utilisé : 30 tonnes
- Crédits photos : Eiffage Métal, Nicolas Trouillard, HDA
- Sources : Eiffage Métal, Centre des monuments nationaux, HDA, le Moniteur
