Datant des années 50, cet ouvrage d’une longueur de 308 m présentait des signes d’usure, les câbles de ce pont suspendu subissant un phénomène d’érosion. Début 2020, le Conseil Départemental de Loire-Atlantique lançait une consultation en procédure d’urgence pour sécuriser dans les plus brefs délais l’ouvrage dont le tablier porte une chaussée de 6 m de largeur et 2 trottoirs de 1,50 m de large, le tout enjambant la Loire. L’objectif était de permettre le rétablissement rapide et impérieux de la circulation pour tout type de véhicule, la circulation étant interdite jusqu’alors aux véhicules lourds de plus de 19 tonnes.
La solution retenue a été celle proposée par le groupement Baudin Chateauneuf / Charier qui a œuvré pour garantir la réalisation de cette opération d’envergure consistant à soutenir le pont à l’aide de 12 appuis provisoires (palées) en sous face du pont (cliquer sur les images pour agrandir).
Une réalisation rapide et précise pour une sécurisation en urgence
Concrètement, cela s’est traduit par deux étapes :
Réalisation d’une piste provisoire sur le fond du lit de ce bras mort de la Loire, constituée de graviers et d’agrégats lourds. Cette piste servira ensuite de base d’appui aux douze rangées de deux tubes et poutres d’acier qui soutiendront le tablier du pont, en plus des quatre piles déjà présentes.
Pose du tablier de l’ouvrage sur 12 palées provisoires, composées chacune de deux pieux et d’un chevêtre (élément de charpente disposé horizontalement). Ce choix a permis d’une part de garantir la pérennité de l’ouvrage existant et d’autre part constitue la première étape du futur remplacement des câbles de suspension de l’ouvrage (opération complexe qui pourrait s’étendre sur plusieurs années), détendus pour descendre le pont sur les palés et ainsi le sécuriser.
Une opération technique respectueuse de l’environnement
Deux des atouts de ce projet ont été :
Une piste d’accès « démontable » intégrant 2 passages d’eau pour permettre l’accès à la zone de travail et l’écoulement libre du fleuve. Pour ne pas troubler l’eau du fleuve et l’écosystème, des matériaux drainant (exempt de fines) ont été utilisés. Un géotextile a été préalablement posé sur le terrain naturel avant la mise en œuvre des gravats, il permet la récupération de l’ensemble des matériaux de la piste tout en assurant la séparation entre l’existant et la piste elle-même.
L’utilisation de pieux, supports des palées provisoires. D’une longueur de 28 m au maximum, ils sont disposés par paire de part et d’autre du pont, ils ont été battus dans le sol jusqu’à atteindre le rocher à une profondeur de 15 m et portent la charge de 300 tonnes en appui sur leur tête. Ils sont dimensionnés pour une durée de vie de 50 ans avec prise en compte de la corrosion et abaissement du niveau de sable. Les têtes de pieux sont constituées de chevêtres auxquels viennent s’ajouter des balanciers et poutres d’appui (pièces d’équilibrage). « L’étape ultime de la sécurisation du pont consiste à mettre ces appuis provisoires en contact et soulever avec des vérins hydrauliques le tablier, c’est à dire la route du pont » déclarait Pierre Quentin, en charge des ponts au département.
Baudin Chateauneuf a pour finir réalisé l’opération de vérinage consistant à faire reposer le pont sur les palées, le tablier du pont étant levé puis redescendu au moyen de vérins afin qu’il retrouve ses capacités originelles. Découvrez la sécurisation du pont en vidéo ici.
Maître d’ouvrage – Conseil Départemental de Loire-Atlantique
Génie civil – Charier
Constructeur métallique – Baudin Chateauneuf
Crédits photos – Gaël Arnaud, Baudin Chateauneuf